Fétichisme et couleur !
La mienne ? Noir bleuté. Une nuance trouble, presque liquide, comme la promesse d’un soir sans fin.
Le fétichisme s’infiltre dans chaque repli du désir, dès l’instant où Maîtresse donne son aval. Chaque fétiche devient lien. Un lien qui unit, enserre, envoûte.
Talons aiguilles, bottes gainantes, cuir patiné, vinyle luisant, latex sculptural, dentelle frémissante, culottes trempées d’attente, bas qui glissent sur la peau comme un soupir retenu.
L’érotisme s’alimente d’imaginaires. Le fétichiste, lui, vibre au contact de son objet-totem. L’univers BDSM tord les codes, les inverse, les sublime. L’attitude d’un(e) dominant(e) induit la posture du soumis, dans une danse d’ombres et de lumières, capturée en flashs mentaux comme des Polaroids d’une scène intérieure.
Tout est rôle, posture, jeu de pouvoir. Le fétichisme se met en scène comme une pièce en huis clos, dans laquelle les acteurs rejouent à l’infini la même partie d’échecs. Elle avance sa Reine en talons. Lui, enchaîne sa volonté. Et tous deux glissent sur la diagonale du fou, cet espace où les fantasmes deviennent tangibles. Le dénouement importe peu. Ce qui compte, c’est la montée en tension.
Parlons objets. Ces objets qui nous possèdent autant qu’on les convoite. Le pied dénudé, révélateur d’un secret charnel. Une jambe légèrement boiteuse, et voilà que le désir s’y accroche. Une silhouette plantureuse qui capte tous les regards — surtout les plus interdits.
Les odeurs : sueur d’aisselle, culotte humide, parfum d’urine… Autant de traces laissées comme des signatures.
La lingerie, bien sûr. Bas, collants, porte-jarretelles… Autels miniatures du fantasme féminin. Et tous ces accessoires qui n’en sont pas : boucles d’oreilles, colliers, ceintures, escarpins, gants de cuir. Autant de promesses enroulées autour d’un poignet, suspendues à une cheville.
Les matières aussi, comme autant de secondes peaux : soie, satin, dentelle, latex, plastique brillant, cuir râpé. La peau, elle, devient surface sensible. Lisse ou rugueuse, pâle ou mordorée. Ce grain particulier, presque mordant. Celui qu’on veut lécher.
Et puis les corps. Ou fragments de corps. Une nuque tendue, une chevelure qui fouette l’air, une main aux ongles rouge sang. Chaque détail est fétiche potentiel.
Certains collectionnent les lanières de cuir, les colliers de dressage, les martinets, les harnais. D’autres fantasment sur une simple main tachée de peinture, ou un regard désinvolte sous une frange mal peignée.
Peut-on vraiment ne pas être fétichiste ?
Michelle Pfeiffer, gainée de vinyle dans le rôle de Catwoman, le souffle court sous le masque, en est l’icône parfaite. Insolente, ambiguë, dangereusement désirable.
Femme à la cigarette, croisant les jambes avec un détachement calculé. Que cache-t-elle sous sa fourrure ? Peut-être rien. Peut-être tout.
Les désirs se nourrissent de fumée, de silences, de gestes à peine esquissés. Le soumis, libre de son choix, offre son abandon comme d’autres tendent la main. Et Maîtresse, toute-puissante sur la corde raide de ses fantasmes, orchestre cette symphonie charnelle avec une précision troublante.
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