La cage

La cage

La cage.

Il semblerait que cet objet suscite des déclinaisons sémantiques sans fin.

Vivre en cage, comme un lion emprisonné. Une cage dorée ou cage de chasteté. Cage à lapin, cage à oiseau, cage thoracique… Les soumis, fétichistes féminisés ou pas, aiment être encagés sous le contrôle de Maitresse. C’est pour leur plus grand plaisir, le temps d’une séance ou plus !

Mariage du métal et du bois. C’est l’enfermement et la liberté. C’est une soumission ou une revendication de son fantasme. La cage spécifique aux pratiques BDSM est en réalité la caverne des désirs inavoués. Cet endroit mythique que chaque soumis cherche dans sa quête intérieure.

À première vue, elle n’est pourtant guère engageante. Elle a ses barreaux, ses chaînes et ses loquets. Il y a aussi des encoches destinées à faire passer cordes et chaînes. Cela entravera davantage le reclus.

Mais peut-on réellement parler de prison ? Non, je ne le crois pas. En fait, c’est tout le contraire. La cage est sans aucun doute un espace de liberté intense. C’est un lieu d’expérimentation intérieure plutôt qu’une réelle prison ou un cachot. « L’encagé » est à la vue de tous, ou recouvert d’un tissu opaque. Cela l’isole des regards indiscrets. Il peut être attaché ou libre de ses mouvements, cagoulé ou pas. « L’encagé » s’offre et se dérobe. Il purge sa peine ou la prépare. Accepte ou se rebelle.

La cage

Mais revenons à la si belle cage qui orne désormais mon donjon. Elle est fine, dentelée et pourtant massive, à l’image de son toit de chêne. Pratique avec ses roulettes qui me permettront de l’orienter à ma guise. Par ailleurs, la trappe sera parfois le seul accès à la lumière pour le soumis. Cela se produit lorsque j’ai décidé de draper les barreaux d’un voile, noir comme ses fautes à expier.

La couche, quoique spartiate, reste confortable, presque trop. Peut-être y ajouterais-je selon les occasions quelques artifices afin de la rendre divinement détestable.

Une fois ligoté et cagoulé, le soumis sera dans telle position ou dans telle autre. Il n’entendra que le claquement froid et définitif des loquets de la porte. Deux notes grinçantes. Terre promise ou terre d’oubli, c’est à vous de choisir la destination, à condition que Maîtresse vous y autorise.

Une cage, c’est tout à la fois un jeu, une punition, la mise en œuvre d’un fantasme particulier. Un espace de liberté dès lors que la volonté transforme les barreaux en rails de chemins de fer. Après tout, ne sont-ils pas façonnés dans le même métal ?

Mais par-dessus tout, la cage reste l’illustration symbolique du ventre nourricier. C’est celui que l’on doit quitter un jour. Il restera sa vie durant l’antre obscur de notre singularité.